jeudi 9 novembre 2017

MA BIBLIOTHÈQUE 3 : "Philippe" de Camille Laurens


Petit partage du livre Philippe, écrit par Camille Laurens de son vrai nom Laurence Ruel.
Ce récit autobiographique dépeint le drame dont elle et son mari sont victimes lorsqu'ils perdent leur premier enfant en 1994. 
Son enfant, Philippe, n'a vécu que deux heures après sa naissance, à cause d'une série de négligences médicales dues à l'obstétricien.



Le livre est divisé en quatre parties, "Souffrir", "Comprendre", "Vivre" et "Ecrire". En dehors de sa douleur  racontée, l'auteur s'adresse aussi à ceux qui supposent que la perte d'un nouveau-né de deux heures est une sorte de fausse couche tardive qui ne peut occasionner autant de peine que la perte d'un enfant plus âgé. 

"Il y a ceux qui établissent une hiérarchie du malheur : le pire c'est quand même de perdre un enfant, un vrai, une fillette de sept ans ou un fils de vingt ans." - Extrait de Philippe -

Camille Laurens répond: «Peu importe l'âge auquel meurt un enfant: si le passé est court, demain est sans limites. Nous portons le deuil le plus noir, celui du possible. Tous les parents pleurent les mêmes larmes: ils ont des souvenirs d'avenir.»


mardi 7 novembre 2017

LETTRE A MA FILLE !

Aujourd'hui c'est ton anniversaire ! Cela fait neuf ans, neuf années que tu es passée dans ma vie ! Je revois encore ton visage, je ressens encore la douceur de ta peau. Je me souviens de chacun des projets que nous avions formé pour toi, avec toi.
Aujourd'hui j'aime imaginer cette jolie princesse qui aurait grandi. Je te vois avec de grands yeux bleus rieurs, une longue chevelure blonde et une vigueur sans fin.


Je ne saurai jamais à quoi ou à qui tu ressemblerais si tu étais vivante, mais ce que je sais c'est que mon cœur est encore bien triste quand je pense à toi, et ton prénom toujours aussi douloureux à prononcer.
Ma chérie, tu me manques tellement ! C'est comme si je vivais mon quotidien toujours à bout de souffle. Il me manque de l'oxygène. Il manque toi toute entière à ma vie, et même si tes frère et sœur te font vivre en parlant de leur grande sœur, il manque ton petit-être à mon existence.





Je t'aime d'un éternel amour de maman qui cherche encore la réponse à ton absence.

Je t'aime infiniment ma Lily !

lundi 23 octobre 2017

TEXTE DE C.S LEWIS

Aujourd'hui c'est un des textes de C.S Lewis (1898 - 1963) que je souhaite vous partager. Je l'ai découvert dans le livre de Ronald Dunn "Quand le ciel reste silencieux". 




Alors qu'on peut être amené à se poser les mêmes questions que l'auteur quand tout va mal, voici sa réponse :

" Quand je présente ces questions à Dieu, je ne reçois aucune réponse. Ou plutôt, une espèce de réponse en forme de "non". Sa porte n'est pas complètement fermée. Sa réaction prend davantage la forme d'un regard silencieux, certainement pas dépourvu de compassion. Comme s'Il hochait la tête, non pas en signe de refus, mais pour balayer la question et dire ; " du calme, mon enfant, tu ne comprends pas."

dimanche 8 octobre 2017

TEXTE DE GENEVIÈVE DU BLOG "JE SUIS PERSONNE !"


J'avais envie de vous partager les quelques mots d'une maman qui a su si bien mettre des mots sur la douleur de perdre son bébé.

Cofondatrice du blog ""Je Suis Personne", Geneviève nous livre un témoignage magnifique. Son texte "On m'avait dit..." est si émouvant et pourtant si réaliste quant à ce qu'on ressent le jour où notre vie bascule.


Je vous laisse le découvrir...

"Je ne peux pas dire qu’on ne m’avait pas prévenu, on me l’avait bel et bien dit. On m’a répété encore et encore avant d’avoir un enfant que la première fois que je le prendrais dans mes bras changerait ma vie. On me l’a dit, murmuré et soufflé à l’oreille… « Lorsque tu vas voir son visage, tu vas tomber en amour pour le reste de ta vie » .  Je ne peux pas dire le contraire, c’est exactement comme cela que c’est arrivé, mais je dois t’avouer que je t’aimais déjà, depuis le premier instant, depuis le premier moment où tu t’es installé dans mon ventre. Mais il y a ce petit quelque chose de plus qui s’est produit  lorsque mes bras ont entouré ton petit corps. Tu étais beau, tu étais si beau. C’est avec douceur et tout l’amour du monde que je t’ai serré, embrassé, et doucement, si doucement caressé ton visage. Ton papa était là, juste à côté de moi… en fait, j’étais blottie dans ses bras pour pouvoir te prendre et t’accueillir.  Et puis, j’ai visité tout ton petit corps, si parfait, si fragile. Tu étais là, plus tranquille qu’il n’est possible de l’être. Tu étais enfin avec moi, enfin dans mes bras. Tu étais là et je savais que tu y étais pour peu de temps, que mon temps était compté, que tu ne resterais pas.
On m’avait prévenu que ma vie changerait à jamais, mais on ne m’avait pas dit qu’il y avait cette possibilité que cela ne se passe pas comme prévu. On ne m’avait pas prévenu qu’une infirmière allait doucement venir te porter à moi dans une petite couverture chaude, mais que tout ton corps allait être froid. On ne m’avait pas dit que la minuterie allait démarrer dès le moment où j’allais te prendre dans mes bras. On m’avait parlé de tout cet amour que je ressentirais, mais on ne m’avait pas prévenu de la douleur qui pouvait venir avec elle. On m’avait dit que te prendre allait me faire du bien, mais on ne m’avait pas dit à quel point.
On m’avait dit que je couvrirais de mots, de paroles et d’histoires, mais que pouvais-je te dire à toi mon enfant si cher et si désiré. Comment pouvais-je me faire pardonner. « Je t’aime… maman t’aime tellement… tellement ». C’est la voix brisée, le sourire aux lèvres et les yeux dans l’eau que j’embrassais le visage de ton corps inerte. J’étais bien, et pourtant si mal. Ton corps était présent avec moi, mais ton petit cœur n’avait pas le rythme pour faire ouvrir ces beaux petits yeux cachés derrière la mort. Comment est-ce possible d’être confronté à une injustice aussi grande? Comment est-ce possible de vivre un départ aussi tôt. « Je t’aime… je suis désolée… je t’aime… sois assuré que je t’aime… tellement ». Chaque minute qui passe me rapproche et me sépare de toi. Ils viendront te chercher bientôt, j’en suis certaine, et moi je voudrais simplement courir et disparaître avec toi. Je voudrais que ce moment reste à jamais. Je voudrais que ce sentiment de bien-être qui m’habite en posant les yeux sur toi reste au lieu de laisser place à cette douleur qui m’envahira sous peu. Je n’ai que quelques minutes pour te transmettre, te faire parvenir, te faire ressentir tout l’amour qu’une mère peut avoir pour son enfant, tout l’amour que moi je peux avoir pour toi. C’est un sentiment intense que j’espère ne jamais revivre dans ma vie. C’est un sentiment si fort, si lourd et pourtant si beau. C’est de l’amour brut offert dans la douceur et l’urgence du moment. C’est de l’amour en quelques heures, en quelques minutes, en quelques secondes en ta présence.
On m’avait dit que je ne voudrais plus jamais me départir de toi, mais moi, ta maman, je n’ai pas le choix.  Je devrai quitter cet endroit et te laisser derrière. Je devrai reprendre ma vie presque comme si tu n’en avais pas fait partie. On m’avait dit que ma vie allait changer, mais on ne m’avait pas prévenu du tournant qu’elle pouvait prendre. On ne m’avait pas dit qu’un enfant pouvait changer une vie dans la douleur, dans la peur et dans les pleurs. Et pourtant… pourtant je te regarde en ce moment comme s’il n’y avait pas de lendemain. Je glisse doucement à nouveau, encore et encore, mon index sur ton visage comme pour en mémoriser chaque détail. Je te serre, t’embrasse, t’analyse et te cajole. Toi, mon bébé, mon enfant, une partie de moi… laisse-moi garder en mémoire tous ces beaux moments passés ensemble. Laisse-moi garder de toi que le meilleur, le plus beau, le plus doux. Laisse-moi croire que j’aurais pu bien remplir mon rôle, que j’aurai été une maman extraordinaire… que j’aurai été une maman… que je suis et je reste ta maman…
Et puis le temps est arrivé « Je crois qu’on devrait le laisser partir »… j’acquiesce à la demande de ton père sans trop savoir si moi je le peux, si je suis prête… mais non, je ne suis pas prête, je ne serai jamais prête… comment peut-on être prête? Je sais simplement qu’on ne peut garder ton corps éternellement avec nous. Je sais de manière plus que rationnelle que je ne peux te ramener à la maison avec moi. J’acquiesce et je pleure, j’acquiesce et je sens cette douleur arrivée en moi, trop grande pour mon propre corps, trop grande pour la terre entière. Et je te rends à cette infirmière qui t’a apporté à moi quelques instants plus tôt. On dirait que cela n’a fait qu’une seule seconde. Je te rends et te regarde partir, car c’est ce que je dois faire; je te regarde partir en ayant que la chaleur de mes larmes pour me réconforter. Ton papa me serre très fort dans ses bras. Je dois me rendre à l’évidence, la mort a eu raison de ton avenir. Et malgré tout l’amour que ton papa m’offre, malgré tout le soutien et la tendresse et qu’il me donne, mon cœur est brisé en plus de morceaux que je ne connais de chiffres pour compter…"   - Geneviève - 

mardi 3 octobre 2017

15 OCTOBRE, JOURNEE MONDIALE DE SENSIBILISATION AU DEUIL PERINATAL


Le deuil périnatal fait suite à la perte d’un enfant pendant la grossesse ou peu après la naissance. Ce traumatisme important reste encore assez peu pris en compte par les pouvoirs publics et les personnels de santé.



Face à cette tragédie, les parents ont besoin d’une reconnaissance de leur enfant par des actes administratifs entre autres (tels que donner un nom et une existence à leur enfant).



Les associations de parents concernées tentent de médiatiser leur cause pour faire bouger les choses. Cette Journée Mondiale de Sensibilisation au Deuil Périnatal a lieu chaque année le 15 Octobre. C’est le moyen de permettre aux familles de parler de leur histoire sans tabou, de commémorer la mémoire de leurs tous-petits et de faire avancer les choses à l’occasion de certaines manifestations.

Manifestations du 15 Octobre 2017

 Comme chaque année, une thématique particulière est abordée. Cette année, la journée du 15 Octobre 2017 met l’accent sur la « Résilience ». Se reconstruire après la perte d’un enfant est une véritable épreuve. C’est pourquoi libérer la parole permet d’avancer dans son processus de deuil. L’accompagnement de l’entourage et des équipes médicales est aussi une aide précieuse  pour permettre l’apaisement et la résilience.

dimanche 9 juillet 2017

POURQUOI L'EPREUVE ? COMMENT LA SURMONTER ?


Parfois la vie nous réserve certaines épreuves. Inévitablement on se demande pourquoi ? Pourquoi cette épreuve ? Pourquoi à moi ? Pourquoi à ce moment précis ? Comment vais-je m’en sortir ? …

Chaque année des millions d’individus font face à l’épreuve et pour en sortir ils se dirigent vers psychologues, psychiatres, pasteurs et autres conseillers pour tenter de comprendre pourquoi cela leur est arrivé. Tous essaient de trouver un réconfort et surtout un sens à tout ça. Parfois, l’individu éprouvé se tourne vers l’alcool, la drogue, le jeu ou se jette à corps perdu dans le travail pour tenter d’oublier un peu son malheur ou fuir sa nouvelle situation.
Il arrive même qu’on remette tout en cause, qu’un profond changement s’installe en nous.



Mais ce qu’il faut aussi savoir, c’est que ces épreuves permettent de révéler notre potentiel présent en nous, cette force d’avancer que nous ne soupçonnions pas. Nous possédons un infini de propriétés qui nous permettent d’affronter ces épreuves pour préserver notre équilibre. Bien qu’inattendues, brutales, déstabilisantes et indésirables, les épreuves peuvent apporter une capacité accrue à gérer les changements. Se retrouver dans la spirale de l’épreuve nous oblige à faire appel à notre créativité pour en sortir, à dénicher toutes nos forces intérieures pour relever la tête.

Il faut comprendre que l’épreuve nous fait sortir de notre zone de confort et aussi difficile soit-elle, l’épreuve nous oblige à la considérer comme un événement qui peut être source de changements positifs. On prend alors conscience de nouvelles valeurs.

Plus concrètement, sortir de l’épreuve consiste à relativiser les choses. Sortir victorieux d’une épreuve dépend de l’attitude qu’on adopte et des réserves qu’on mobilise pour en sortir. Pour y parvenir, il faut savoir faire confiance en ses ressources intérieures et surtout penser que ce temps d’épreuve est temporaire. Croire en l’avenir est primordial pour être capable de traverser cela.



Tant que l’on résiste au changement, les difficultés d’adaptation se révèlent ; anxiété, découragement, addiction, dépression… Ces résultats sont normaux, par ailleurs, il ne faut pas y rester sans réagir. Ne pas se laisser sombrer, accepter que la situation ne sera plus jamais la même, trouver les outils qui nous permettrons de sortir de cet état et en sortir plus fort. N’oublions pas, nous avons toutes les forces en nous, il faut aller les puiser.

L’après-épreuve est une période qui nécessite un retour à l’équilibre, une reconstruction complète de soi. Cette période de cicatrisation permet d’analyser l’expérience que vous venez de vivre et en tirer des leçons.

A la question « pourquoi », « pourquoi cela m’est-il arrivé à moi ? », « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? William Miller exprime dans son livre Quand perdre pied vous maintient debout :

« Le besoin de réponse est si fort que si nous ne trouvons pas une réponse, une raison ou une explication concrète, nous en créerons ou en fabriquerons une nous-mêmes. Elle n’aura peut-être pas beaucoup de sens aux yeux des observateurs objectifs, mais elle satisfera notre besoin. Ces réponses que nous fabriquons satisfont le besoin d‘expliquer et rendent l’acceptation de la perte plus supportable. »



C’est vrai, pour avancer dans notre cheminement, il nous faut trouver des réponses, à défaut on essai de donner un sens à tout ça. Et si l’épreuve nous change inévitablement sur tous les plans, face à l’absence de réponse, essayons de trouver ce qu’on peut tirer de positif de cette épreuve.



vendredi 9 juin 2017

L'ENFANT D'APRES


Avoir un autre enfant après la perte de son bébé pose inévitablement certaines questions. Est-ce le bon moment ? Doit-on attendre encore ? La maman peut-elle encore procréer ? Notre prochain bébé sera-t-il en bonne santé …? Autant de questions et d’inquiétude que tous les parents endeuillés d’un enfant se posent inévitablement.



Quand on écoute les professionnels de la santé, il en ressort que contrairement aux apparences, il n’y pas de moment propice pour avoir un autre enfant. Longtemps les médecins recommandaient d’attendre quelques mois pour concevoir un autre enfant. Aujourd’hui le corps médical se rend compte que c’est le ressenti des parents qui compte. Si le corps de la maman le permet à nouveau, accueillir un bébé rapidement a un impact réellement positif sur les parents et sur le processus de deuil.

Par contre, il faut savoir que s’engager dans cette nouvelle grossesse demandera un effort supplémentaire quant au fait de laisser toute la place qui lui revient à ce nouvel enfant. Il ne doit pas remplacer l’enfant perdu. Il ne sera pas non plus le fantôme du petit être disparu. On lui doit une existence entière sans pour autant se dire qu’on oublie l’enfant décédé. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Les deux ont leur place dans la famille même si l’un ne vit plus. Ce nouvel enfant qui arrivera, ne doit pas avoir la tâche de remplir le gouffre de souffrance des parents. Il ne doit donc pas y avoir de confusion entre les enfants et c’est en cela que vient la difficulté pour certains parents. Ce nouvel enfant ne doit pas sentir qu’il a une quelconque mission envers ses parents. Il doit exister pour ce qu’il est lui.



L’arrivée d’un nouveau bébé peut engendrer des sentiments inconfortables pour les parents qui ont parfois l’impression de trahir la mémoire de leur enfant décédé. Ils culpabilisent peut-être d’avoir ce désir d’avancer malgré tout. Tout comme, certains parents peuvent avoir l’impression de ne pas donner toute l’attention méritée à cette nouvelle grossesse car on ne peut pas oublier l’enfant perdu. Cette ambivalence des émotions perturbe fortement. Il faut simplement accueillir toutes ces émotions et les vivre pleinement. Elles sont légitimes. Tout comme les inquiétudes qui ressort de cette nouvelle grossesse ; la peur de le perdre à nouveau, la culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur, la perte de confiance en soi…

La vraie tâche en soi est de croire à nouveau dans la vie et accepter de relever l’enjeu d’une nouvelle naissance.

L’arrivée d’un nouvel enfant c’est aussi accepter que la tristesse sera toujours mêlée à la joie. On ne peut pas pleinement vivre le bonheur de la nouvelle naissance sans avoir une tristesse par rapport à son enfant disparut.



Et puis, il faut penser qu’il faudra parler de ce bébé décédé et affronter les questions des frères et sœurs dans l’avenir. Il faudra leur parler de cet enfant qui fait partie de la famille mais qui n’est plus là. Ne surtout pas en faire un secret ou un sujet tabou qui rendrait l’épreuve plus douloureuse encore. Leur en parler le plus tôt possible allège la douleur. Peut-être leur montrer quelques photos et raconter l’histoire de leur grand frère ou grande sœur. Même si les parents doivent se préparer un répondre à toutes leurs questions inévitables, la famille en ressortira plus forte et soudée. Les enfants comprendrons alors certainement pourquoi papa et maman ont parfois cette tristesse dans le cœur. Leur donner des réponses à leurs inquiétudes leur permet de croître plus sereinement.




Et surtout, parler de ce bébé disparut, c’est lui donner une existence légitime au sein de cette famille hors norme.

dimanche 7 mai 2017

SOIREE DE PRESENTATION DU LIVRE "RESILIENCE"

Le 05 Mai dernier, j'accueillais à Carpentras, le public venant assister à la présentation de mon livre "Résilience". Pour ceux qui n'ont pu venir, je vous résume en quelques lignes pourquoi j'ai écrit ce témoignage et les projets qui s'ouvrent aujourd'hui.


"Résilience"

Tout d'abord, le terme résilience décrit la capacité à sortir d’une épreuve, de se relever d’une situation de stress intense. C’est l’aptitude à faire face, à se ressaisir, à s’adapter en dépit des circonstances défavorables.

La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour une personne ayant subi un traumatisme, à prendre acte de cet événement traumatique, pour sortir de la dépression et avancer vers une possible reconstruction.

Dans mon cas, ce mot résume le cheminement que j’ai dû accomplir pour tenter de m’approcher de l’apaisement.

Quand j’ai perdu mon enfant il y a plus de 8 ans maintenant, j’ai commencé à écrire. Initialement, j’écrivais une sorte de journal intime que je tenais quasi-quotidiennement. Pour moi, c’était un déversoir à ma douleur. Plus le temps passait, plus c’était thérapeutique de mettre des mots sur ma souffrance.

Donc, ce livre n’était pas du tout fait pour être publié au départ, aussi à cause de son caractère très intime. En effet, dévoiler sa vie privée n’est pas du tout évident.

Puis, au fil des années et des rencontres, je me suis demandée si ce récit, ces quelques pages, ne pouvaient pas être utiles à d’autres personnes, d’autres parents endeuillés. Des proches autour de moi m’ont encouragé dans cette voie. Je me suis donc jetée à l’eau sans savoir où cela allait aboutir.

Moi aussi, à l’époque j’avais parfois trouvé un peu de réconfort dans les différents témoignages que je lisais. D’autres personnes mettaient des mots sur mes émotions que je ne maitrisais pas du tout à ce moment-là.

Et puis, pour moi, témoigner de manière écrite en laissant une trace indélébile, c’est aussi pour montrer qu’il y a un « après » l’épreuve.

Alors, j’ai commencé ce récit en situant ma jeunesse, comment je me suis construite et mon approche de la vie. Puis lentement, je poursuis vers ma vie d’adulte, d’épouse et vers mon désir de maternité. Une maternité qui mettra du temps à arriver, d’ailleurs.

Quand survient enfin la joie et le bonheur de savoir que je porte la vie, un cataclysme s’abat sur moi, sur nous ! Je perds donc mon premier enfant, ma première fille en la mettant au monde.

Après une magnifique grossesse, comme j’en souhaite à toutes les femmes, et sans aucun souci apparent, le petit cœur de mon bébé s’arrête de battre subitement pendant l’accouchement.
Le fruit de mes entrailles que j’ai tant attendu ne vit plus.

A ce moment là, le sentiment que j’ai, c’est de ne pas avoir donné la vie, mais d’avoir donné la mort. Ce sentiment très destructeur m’a hanté pendant très longtemps.

Passé ce choc et les quelques jours de soin dans le service gynécologique où j’étais, on vous invite gentiment à rentrer chez vous, à reprendre le court de votre vie, sans aucune explication possible, logique, tangible ou médicale. Il faut reprendre le court de sa vie, tout bêtement. Hors ça c’est impossible…

J’ai écrit la plus longue partie de mon livre sur la succession de difficiles étapes du deuil auxquelles je dois faire face.
J’en parle ici dans ce livre. J’explique comment j’ai vécu chacune d’entre-elles : qui va du choc de l’annonce (quand on vous révèle que le cœur de votre bébé vient de s’arrêter mais qu’il faut quand même continuer d’accoucher…On n’y croit pas. Le ciel vous tombe littéralement sur la tête. Vous ne comprenez rien),

Ensuite, il y a le déni, la colère, la tristesse, la profonde dépression… Puis, la plus longue et la plus douloureuse étape pour moi, à savoir l’acceptation. Chose qu’il m’a été impossible d’envisager pendant des années. Car dans ma tête j’avais l’impression qu’accepter ce qui m’était arrivée, revenait à oublier ce que j’avais vécu, à oublier ma fille. Et ça c’était hors de question.

Donc après un long et pénible travail de deuil, vient enfin la reconstruction progressive, ou la guérison. Bien que je reste convaincue qu’on ne guérit jamais vraiment de ça. C’est pour cela que dans mon cas, je parle plutôt d’apaisement.

Cette épreuve vous pose de manière indélébile, une ombre au-dessus de votre tête, même quand vous vivez de beaux moments dans votre vie. Même quand d’autres enfants agrandissent votre foyer. On n’arrive pas vraiment à profiter de ces beaux moments pleinement. Il y a un sanglot qui est jamais loin…

Dans mon récit, j’évoque aussi mes tentatives pour essayer d’aller mieux. Ce qui m’a aidé pour ma part, c’est une longue thérapie avec une psychiatre que je voyais de manière régulière – pour travailler sur le deuil et pour comprendre plein de choses sur ma situation et sur moi même.
Ce qui m’a aidé également (comme je l’évoquais au début), c’est l’écriture. Cela me faisait beaucoup de bien.

Et il est important de dire aussi combien la présence de l’entourage familial ou amical est d’un grand secours, d’un grand soutien.

Et puis, il y a eu de gros échecs aussi (l’alcool, les médicaments, le refus catégorique d’affronter le monde…) Autant de choses qui vous font un peu plus couler. Cela je le développe de manière plus approfondie dans le livre.

Et enfin, pour terminer mon livre, je le conclue en tentant d’apporter quand même une petite touche d’espoir, aussi minime soit-elle (car depuis que j’ai terminé mon livre, j’entrevois les choses encore différemment – de manière plus positive) J’essaie de voir ce que je peux tirer de bien de ce drame, voir ce que je peux en faire.

J’écris donc qu’effectivement il peut y avoir une vie après l’épreuve.  Différente certes, mais possible.

Je tente aussi d’apporter une direction à l’entourage, dans sa manière de soutenir les parents endeuillés. Eviter certaines maladresses par exemples…

Il est aussi important de souligner que dans ma résilience, (je parle de ma résilience car personne ne réagit pareil à une même situation, à un même drame), donc dans ma capacité à me relever de ça, il y a eu une notion de volonté.

C’est vrai que si on le veut, on peut rester toute notre vie dans cet état de souffrance, enfermé dans cette tourmente quotidienne, mais quand à un très court moment donné, vous pouvez apercevoir une petite lumière au fond du tunnel, il faut s’y diriger tout de suite, à grands pas et ne pas la laisser partir. Il faut saisir cette possibilité, pour enfin sortir de la dépression.

Pour ma part, je dis souvent que je me suis donnée ce « coup de pied au cul » après un simple déclic.

Un jour mon fils encore tout petit, m’a demandé pourquoi j’étais toujours triste et pourquoi je pleurais tout le temps. Il était tellement sincère dans la manière de ma poser la question que ça m’a fait un choc, le choc donc j’avais besoin.

Je ne voulais plus que mes enfants aient une maman dépressive. Je ne voulais plus leur renvoyer cette image. Je voulais devenir une maman qui joue correctement son rôle et qui soit à la hauteur pour eux.

Alors, la première chose que j’ai faite a été de jeter tous mes médicaments (mes anti-dépresseurs, mes somnifères…) pour affronter ma vie. Je me suis lancée dans ma bataille.

Ce n’est pas toujours facile – même encore aujourd’hui bien-sûr - mais une journée après l’autre, une marche après l’autre, je me rapproche un peu plus de l’apaisement.

Je pense également que le temps n’efface rien. On apprend simplement à vivre avec ce drame, à apprivoiser l’absence de notre défunt et surtout à dompter nos chagrins et nos larmes encore bien présentes.

Alors, plus concrètement aujourd’hui j’en suis où ?

La publication de mon livre me permet de mettre en place d’autres projets. Ce support écrit me sert surtout d’outil pour parler de ce sujet tabou aux yeux de la société. Je parle de sujet tabou car il est encore difficile de parler de la perte d’un enfant aujourd’hui. Surement par le fait, qu’on ne sait pas vraiment quoi dire face à cette tragédie. Donc personne n’ose en parler. Moi j’aimerai essayer d’ouvrir une brèche dans ce sens.

J’ai donc commencé à me former sur le deuil et l’accompagnement par le biais de plusieurs associations.

Et plus concrètement, petit à petit, il se met en place sur Carpentras un groupe de parole sous forme de café-rencontre. Ce groupe concerne les victimes (de près ou de loin) du deuil périnatal.

A savoir que le deuil périnatal tel qu’il est défini par l’Organisation Mondiale de la Santé, c’est la perte d’un enfant pendant la grossesse (les fausses-couches), à la naissance, dans les heures qui suivent la naissance ou dans les premières semaines de vie.

Donc, dans ce groupe, il est possible pour des parents endeuillés, des grands-parents, des amis, des collègues de travail ou toutes autres personnes qui en ont besoin, de s’inviter à ce petit groupe soit pour écouter dans un premier temps, et se sentir moins seul, soit en prenant la parole et alléger un peu son cœur. Se sentir écouter est déjà un soutien important.

J’aime beaucoup la citation d’Albert Camus qui dit :

« Parler de ses peines, c’est déjà se consoler. »

La rencontre se déroule de manière informelle autour d’un thé ou d’un café une fois par mois, dans un salon de thé de la ville. 4 à 6 personnes composent le groupe pour faciliter le dialogue.
L’inscription est libre et gratuite bien-évidemment.

Voilà, pour résumer, ce livre « Résilience » s’adresse aux parents endeuillés mais pas seulement. On l’a vu, les grands-parents, les oncles et tantes, les amis, les collègues… Autant de personnes qui peuvent se sentir impliquées.
Il faut savoir que ce sont 7000 familles françaises qui sont touchées chaque année par ce drame. Cela fait beaucoup de monde concerné par le sujet.





vendredi 5 mai 2017

L'ENFANT ET LE DEUIL


Lors de la conférence sur l’enfant en deuil que j’ai pu suivre en mars dernier, l’Association Réseau Vivre Son Deuil Grand Sud nous a apporté un certain nombre d’informations sur l’enfant lorsqu’il est confronté à la mort.



Pendant longtemps, on disait à l’enfant : « Tu ne peux pas comprendre, tu verras plus tard. »
Hors, il est essentiel d’expliquer dans des mots simples la réalité des événements.  Il est donc indispensable de ne pas ignorer les questions des enfants car ils se construisent grâce aux réponses qu’on leur apporte. Chaque enfant se fait sa propre idée de la mort. Pour eux, il n’y a pas de conception d’éternité. La mort n’est pas universelle et éternelle. Beaucoup d’enfants pensent alors que la mort ne dure pas. C’est en cela qu’il ne souffre pas comme les adultes.

La conception de la mort varie selon l’âge de l’enfant et son milieu familial :

· Chez le bébé ; il n’a pas de compréhension émotionnelle ce qui ne l’empêche pas de ressentir l’absence physique de la personne décédée. Cela peut briser sa construction classique. Il est affecté inconsciemment. Il peut ressentir comme un abandon. Il est donc indispensable de lui trouver une substitution affective pour le rassurer.

· Chez l’enfant de 3 à 6 ans ; l’enfant pose ses premières questions. Il parle et joue sur la mort. Il assimile la mort à un long sommeil (d’où certaines angoisses nocturnes ou cauchemars). Comme son petit monde tourne autour de lui, il peut s’accuser de la mort d’une personne. Encore une fois, il faut le rassurer.

· Chez l’enfant de 6 à 8 ans ; il commence à comprendre que la mort est éternelle. Il connaît que la vie commence avec la naissance et s’arrête avec la mort. L’enfant en deuil se sent différent des autres enfants. D’où l’apparition d’un mal-être et de certains troubles du comportement.

· Chez l’enfant de 8 à 12 ans ; le jeune veut moins en parler même s’il pose des questions. « Y’a-t-il un Dieu ? » « Qui y a-t-il après la mort ? » … Une peur de la mort peut parfois survenir. Alors l’enfant se renferme, n’en parle plus, pour ne pas à avoir à l’affronter.




Les différentes expressions du chagrin chez l’enfant :


La douleur peut ne pas se voir chez certains enfants, tout comme certaines crises de larmes peuvent survenir, même plusieurs mois après le décès.
Aussi, pour ne pas être un fardeau, l’enfant peut chercher à se faire oublier. Il met en acte sa douleur plus qu’il ne la verbalise. Cela peut se traduire comme :

- des troubles du sommeil
- des maux de ventre, de tête, la perte d’appétit
- l’apparition d’une peur anxieuse (rester collé à ses parents par peur de la mort)
- des troubles scolaires
de la régression (retour au biberon…)
- de l’agressivité envers son entourage à une période même éloignée du décès
- des morsures à lui-même, des scarifications, des tentatives de suicide…

Autant de signes qu’il faut surveiller pour pouvoir apporter une aide à l’enfant.


Chez l’enfant, le travail de deuil évolue dans le temps. Le deuil prend la place de la croissance normale de l’enfant. Il se fatigue à faire son deuil au lieu d’utiliser son énergie à grandir. Le deuil chez l’enfant se montre davantage de manière physique que psychique. Alors que l’adulte montre sa peine en en parlant, l’enfant lui, la montrera en régressant, en intériorisant ses émotions.


Ce qui peut aider un enfant endeuillé :

· L’associer aux rituels pour dire adieu à la personne décédée, ne surtout pas le mettre à l’écart, ne pas le laisser seul. Ces rituels rendent la mort concrète et irréversible aux yeux de l’enfant. Il assimilera donc mieux la situation.
· Garder les objets souvenirs.
· Lui parler naturellement et couramment de la mort du défunt, ne pas en faire un secret.
· Le rassurer en répondant à ses questions de manière simple, juste et vraie. Bien choisir ses mots. Ne pas mentir à l’enfant dans l’idée de le préserver. Si l’enfant s’aperçoit qu’on lui a menti, il perdra confiance en l’adulte.
· Ne pas plaquer nos réactions d’adultes à celles qu’on attend l’enfant.
· Ecouter l’enfant complètement. Ne pas répondre pour lui.


L’enfant doit tout autant qu’un adulte faire son deuil sinon sa reconstruction s’en trouve stoppée. La phase de reconstruction s’amorce progressivement mais si son deuil n’a pas été correctement fait, il peut rechuter avec un nouveau décès alors qu’il a atteint l’âge adulte.



"Cela arrive souvent... de s'inventer des maladies après un deuil. C'est la façon de se sentir moins seul. On se dédouble, si vous voulez. On se soigne comme si on était un autre. On est de nouveau deux : celui qui je suis et celui que je soigne."

La fée carabine - Daniel Pennac


mardi 18 avril 2017

L'IMPORTANCE DE PARLER DE NOTRE SOUFFRANCE


Quand on perd un enfant, c’est le voyage le plus solitaire qu’il existe de faire. Le degré de douleur est quasiment impossible à mesurer et à comprendre pour qui ne l’a pas vécu personnellement. Seules les personnes ayant fait la même douloureuse expérience peuvent concevoir l’immensité de souffrance que l’on doit surmonter.


 Au fur et à mesure que l’on avance dans le processus du deuil, il est impératif de trouver tous les moyens d’être soutenu et aidé pour ne pas vivre sa peine, seul et isolé. Le fait de parler, d’exprimer sa souffrance est important. Il faut s’approcher de quelqu’un de confiance (professionnel ou non) qui saura écouter notre malheur. Même si ce n’est pas évident d’exprimer ses sentiments et ses émotions, cela fait parti du processus naturel de guérison et de la reconstruction de soi.



Dorothée Sölle a écrit dans son livre Souffrance :

« La victime elle-même doit trouver une façon d’exprimer et d’identifier sa souffrance, il ne lui suffit pas de laisser quelqu’un s’exprimer à sa place. Si les gens s’avèrent incapables de parler de leur peine, ils seront détruits par elle ou avalés par l’apathie.

Sans la capacité de communiquer avec autrui, il ne saurait y avoir de changement. Devenir muet, n’entretenir absolument plus aucun relation, c’est la mort. »


dimanche 9 avril 2017

COMMENT AIDER LES PARENTS ENDEUILLES, COMMENT EVITER CERTAINES MALADRESSES


Avant de commencer, il est important de préciser que le seul but de l’entourage est de réconforter les endeuillés. On parle donc de maladresse quand certaines phrases offensantes sont prononcées. Même si parfois certaines paroles blessent telle une épée, il faut savoir que ce n’est pas fait pour nous faire du mal.

Dans mon contexte à moi, j’ai entendu des phrases comme :

« Vous êtes jeunes, vous en aurez d’autres. »
« C’était le premier, ça ira après. »
« Il vaut mieux maintenant que plus tard. »
« Tu souffres plus de l’avoir perdu à la naissance ou c’est plus difficile après selon toi ? C’est vrai après tout, tu ne l’as pas connu. »
« Tu es encore triste ? Il faudrait passer à autre chose maintenant. »
« Ca passera avec le temps. »


Lors de mes différentes rencontres avec d’autres parents endeuillés, j’ai entendu qu’on leur avait dit :

« Il est au ciel maintenant tout va bien. » Quel est le réconfort pour les parents quand ces derniers ne sont pas croyants ?
« Vous vous en remettrez, c’est juste une question de temps et de volonté. » Guérit-on sur commande ?
« Est-ce que vous l’aviez couché sur le ventre ? » Sous-entendant, c’est peut-être de votre faute.

Bref, la liste pourrait encore être longue.




C’est vrai qu’il est difficile pour quelqu’un qui ne l’a pas vécu de comprendre ce que c’est que de perdre un enfant. Pour nous, parents, c’est un véritable cataclysme qui s’abat sur nous.
Alors forcément chaque parole inutile, chaque mot maladroit, chaque absence à nos côtés ou chaque recul à notre égard, est décuplé. On prend tout mal car nous sommes à fleur de peau.

Cependant, même si nous devons bien prendre conscience que l’entourage (familial, amical ou même médical) ne veut pas nous blesser, il est important d’avoir un peu de psychologie et éviter certaines lourdeurs.

- Nous ne pourrons JAMAIS oublié notre enfant ou passer à autre chose,
- Nous voulons lui accorder une existence au sein de notre famille malgré son absence,
- Vous ne pourrez jamais nous réparer. Acceptez que nous soyons brisé à tout jamais,
- Oui pour nous aussi (et peut-être même plus encore que les autres), certaines dates sont importantes,


Ce qui nous fait du bien : cette chaleur humaine et ce réconfort de trouver une oreille attentive si les paroles arrivent à sortir de notre bouche, pouvoir poser notre tête sur l’épaule de quelqu’un sans avoir à répondre aux questions dont nous n’aurons jamais les réponses. 


"La blessure vit au fond du coeur." - Virgile